Fouché (1759 – 1820)
La Révolution Française a porté en son sein des hommes d’un rare opportunisme, qui ont défendu le conservatisme bourgeois et se sont au passage enrichis considérablement. Il paraît intéressant d’examiner les positions mouvantes et l’itinéraire de l’un d’entre eux.
Quand Fouché naît en 1759 près de Nantes, son père est capitaine au long cours et, possède des plantations à Saint-Domingue. On lui fait suivre des études chez les Oratoriens. Il restera professeur dans les collèges de cet ordre religieux et terminera principal à Nantes.
Au moment de la Révolution, il est proche des conservateurs et opposé à l’abolition de l’esclavage. Élu à la Convention Nationale, il est Girondin et vote la mort du roi. Il passe à la Montagne puis se rallie au parti d’Hébert (gauchiste).
Nommé proconsul, il part en mission à Nantes, Nevers, Moulins pour recruter des volontaires. Il a une autorité sans limite et exerce une politique de terreur contre les riches et les prêtres. En octobre 1793, il arrive à Lyon où comme dans la Nièvre il fait vider les églises de leurs objets précieux, et insulte la religion. Pour punir la rébellion de la ville, 2 000 lyonnais sont condamnés à mort. La guillotine n’allant pas assez vite, la mitraillade est adoptée.
Revenu à Paris en avril 1794, il s’oppose à Robespierre, et est exclu des Jacobins. Il est l’un des artisans de la chute de Robespierre le 27 juillet 1794.
En février 1794, Robespierre avait combattu « le faux révolutionnaire » qui utilise « l’attaque violente contre les préjugés religieux », qui œuvre à « rendre odieuses » les opérations du culte et qui est « toujours prêt à adopter les mesures hardies, pourvu qu’elles aient beaucoup d’inconvénients ».
Il échappe au sort des anciens terroristes (le bagne) et vit à Paris. Amnistié, il est employé par Barras dans sa police secrète et dans diverses missions à l’étranger et aux années.
Le Directoire le nomme en 1799 Ministre de la police. Il mène une politique antijacobine et antimonarchique, réorganise avec succès la police, exerce la censure : le nombre des journaux passe de 73 à 13. Il amnistie personnellement les émigrés. Après le 18 Brumaire, il conserve son ministère mais Bonaparte le renvoie le 15 septembre 1802. Après le plébiscite de 1804, Napoléon le rappelle dans sa fonction. Mais Fouché défend sa politique, il veut la paix, des alliances avec Rome, l’Autriche et la Russie. Il dispose toujours de pouvoirs très étendus. Pendant la guerre contre l’Autriche, Fouché prend l’initiative de la lutte contre un débarquement anglais. Napoléon le nomme le 15 août 1809 Duc d’Otrante, mais le 3 juin 1810 le renvoie et l’éloigne de France. Pendant la première Restauration, Fouché prend contact avec des royalistes. Revenu de l’île d’Elbe, Napoléon le nomme de nouveau Ministre de la Police. Après la défaite de Waterloo, c’et Fouché qui rédige l’acte d’abdication. Puis il participe pendant deux mois à la commission de gouvernement.
La deuxième restauration lui accorde son dernier portefeuille de ministre de la police, pour quelques semaines, mais il doit quitter Paris sous un déguisement le 4 octobre 1815. Fouché se réfugie à Prague puis à Trieste où il meurt le 26 décembre 1820.