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Après les législatives, quelle clarification  ?

Gérard Larcher, président du Sénat (les Républicains) ne décolère pas  :


« Je croyais que le président devait clarifier le paysage politique… La situation à l’Assemblée nationale, composée de “trois minorités”, est plus confuse que jamais. Cette dissolution est un gâchis extraordinaire pour le pays. On ne joue pas avec la France. »

 

Du côté du Rassemblement national, on déplore les conséquences néfastes de la dissolution et les alliances électorales qui en ont résulté dans le but d’empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir, ceci au détriment du pays.

 

Jordan Bardella  :


« Ces alliances politiciennes contre-nature [sont destinées] à empêcher par tous les moyens [notre] arrivée au pouvoir. [Elles exposent] l’alliance du déshonneur et les arrangements électoraux dangereux passés entre Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec les formations d’extrême gauche [qui] privent ce soir les Français d’une politique de redressement [[1]]. Je sais la frustration de millions de Français ce soir. »

 

Sébastien Chenu  :


« Les macronistes finissent par faire élire le Nouveau front populaire. On est bien dans un monde imaginé par Emmanuel Macron, dans un bourbier dans lequel il plonge la France. »

 

La victoire ne sera cependant que partie remise pour Jean-Philippe Tanguy  :


« Vous avez provoqué cette catastrophe. Notre pays est malheureusement paralysé. Mais le Rassemblement national incarne plus que jamais la seule alternance. »

 

Du côté du Nouveau front populaire, la tonalité générale se célèbre surtout sur le registre de la victoire et de la légitimation démocratique, dans le style  : «  on est les champions  », «  on a gagné  » (contre le FN et contre Macron). Par conséquent «  c’est à nous que revient le pouvoir  » .

 

Mélenchon  :


« Le NFP a conquis la place que le peuple lui a donné. Nous avons gagné contre le RN. C’est un vote de défiance populaire. C’est la défaite de Macron qui est confirmée, il doit s’incliner. Le président doit appeler le NFP à gouverner. Le NFP peut gouverner, c’est la gauche unie  : autour d’une œuvre écologique et sociale. »

 

Marine Tondelier  :


« Les résultats montrent une lutte victorieuse de la démocratie, nous allons réparer cette France. »

 

Manon Aubry  :


« Victoire inattendue et inédite du Nouveau front populaire. »

 

Bompart  :


« Le Nouveau front populaire est arrivé en tête des élections législatives. Le président doit nommer un gouvernement constitué par le Nouveau front populaire. « 


La désignation d’un Premier ministre et du gouvernement

Après les Législatives, on ne peut retenir que la vacuité  : pas de propositions posant des orientations politiques pour l’ensemble de la nation en fonction des données concrètes de la situation historique (économie, politique). Après la pantalonnade Ciotti, tout tourne pour l’essentiel autour de la question “à qui doit revenir le gouvernement nouveau  ?  : beaucoup de postulants, au moins un par courant, sans que les diverses fractions ne parviennent pas à se mettre d’accord sur un nom, si ce n’est in extrémis (avec Lucie Castets), après avoir renvoyé dans leurs foyers tous les autres prétendants.

A propos du choix d’un gouvernement, Gérard Larcher, président du Sénat, conseille de temporiser  : «  Il y a un besoin de sérénité et de responsabilité, dans l’intérêt du pays  ». «  Donnons-nous du temps pour que la raison l’emporte sur les pulsions  ». Le temps ne manquera pas. Après maintes péripéties, Michel Barnier est désigné Premier ministre par le Président de la République.


Réactions à la nomination du gouvernement

Du côté du Nouveau front populaire, on condamne un «  hold-up électoral  », «  la trahison du vote  » la «  violence de ce détournement démocratique  », la «  violence faite au peuple français  », le «  déni démocratique  » [dont le responsable ne peut être que “Macron”]. Dans un tract diffusé par la France insoumise, avant et après la nomination, il est précisé  : «  Nous sommes la première force politique du pays. Le peuple a voté pour que notre programme soit appliqué dès maintenant, Macron tente de nier la volonté populaire exprimée dans les urnes et refuse de reconnaître la victoire du Nouveau front populaire  » [[2]]. On insiste sur les résultats du scrutin législatif, le nombre d’élus à l’Assemblée, non sur la capacité à concevoir et promouvoir quel peut être l’intérêt général pour le pays.

Du côté du Rassemblement national, on temporise, on pose ses conditions. Jordan Bardella  :


« Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action. Nous plaiderons pour que les urgences majeures des Français, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tout moyen politique d’action si ce n’était pas le cas dans les prochaines semaines.
Les onze millions d’électeurs du Rassemblement national méritent le respect, c’est notre exigence première. »


Du côté des citoyens

Parmi les électeurs ou affidés du Nouveau front populaire (Insoumis, gauche socialiste, Écologistes), certains entonnent le même refrain  :


« C’est un déni démocratique  ; c’est fouler aux pieds le résultat des élections  ; ne pas respecter le vote des Français  ; le changement politique n’a pas été pris en compte  ; le changement politique n’a pas été entendu  ; aucune légitimité à un gouvernement (non NFP). »


« Macron ne veut pas respecter le résultat des élections, confirmation de l’anti-démocratie de la macronie. »

 

D’autres, quoique plus ou moins électeurs de ces courants, s’expriment de façon moins stéréotypée  :


« Je vote écologiste, mais quand j’écoute les orateurs de LFI ou du NFP, je pense qu’ils discréditent la gauche, j’ai un peu honte. »


« J’ai voté NFP, mais maintenant, il y en a marre, parler d’illégitimité c’est pas le problème, il faut voir où on en est, ce qu’il y a à faire pour s’en sortir. »


« Je trouve qu’ils sont immatures. »

 

Indépendamment des choix partisans, on peut aussi estimer que les résultats des Législatives ne désignent pas spécifiquement le NFP et que compte tenu de la situation, il convient plutôt de chercher à construire en commun pour le bien du pays.


« (Les résultats) Un tiers, un tiers, un tiers, en élus et en voix, c’est le FN. Bon ce que ça veut dire, l’idée c’est de construire ensemble, pas se bloquer dans un extrême. Contester c’est nul, jamais construire mais ils ne veulent même pas discuter ensemble. »

 

Plusieurs critiquent la position de partis qui ne considèrent que leurs intérêts particuliers, de parti ou de clan, au détriment de l’intérêt général  :


« Ce qui fait la légitimité, c’est l’intérêt général, disait de Gaulle, […] Pour eux l’intérêt général, c’est dépassé. »


« Ils cherchent tous à se positionner avec des mots vides, la situation de la France ils s’en moquent. »


« Ils n’ont que des positions, pas de réflexion sur  : où on en est  ? et ce qu’il faut. »


« Darmanin  : avec moi pas d’impôts, Attal  : continuez avec moi, j’ai tout bon. »

 

Pour le bien de l’ensemble, ne faudrait-il pas coopérer, échanger, discuter, plutôt que de se «  tirer toujours dans les pattes  ».


« A part se tirer toujours dans les pattes, je ne sais pas s’ils savent faire autre chose. »


« Le service des Français est à voir en premier. »


« Il faut résoudre les difficultés (du pays). »


« Voir d’abord l’intérêt le meilleur pour notre pays, même si ce n’est pas son camp. »


« Tout faire pour que ça n’aille pas plus mal. »

 

C’est en fonction de tels critères que le gouvernement Barnier peut être positivement apprécié  :


« Barnier, il est à droite, il est pour l’Europe, c’est pas mon choix, mais au moins il fait de la politique, s’intéresse aux problèmes d’ensemble  ; pas moi d’abord, il a quand même la stature d’un homme d’État, on n’en a plus, c’est pas que je dis c’était mieux avant, mais oui quand même. »

 

Affaire non conclue. Encore à suivre  !

 


1. Jordan Bardella, indique le commentateur, use du verbe «  priver  » suggérant une sensation de vol dans les esprits des sympathisants.

2. Faut-il rappeler, puisqu’il est question de victoire, de peuple et de démocratie, que si l’on se réfère au nombre de suffrages exprimés, le Nouveau front populaire, qu’on le déplore ou non, ne peut pas être aussi catégoriquement proclamé “première force politique du pays”.

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