Une dissolution peut en cacher une autre – Tragi-comédie en trois actes
Prologue
La séquence électorale de l’année 2024 (Européennes-Dissolution-Législatives) constitue une nouvelle phase du processus de déconstitution de la vie politique de la nation, processus engagé depuis plusieurs décennies.[[1]]
Au soir du dimanche 9 juin 2024, après publication des résultats des élections européennes, la décision de dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République, vingt jours avant les JO, a pris de court une partie de son entourage, et suscité au sein de la population divers sentiments allant de l’incompréhension à l’inquiétude ou à l’effroi. Le Président escomptait, semble-t-il, de la tenue de nouvelles élections législatives, une clarification de la situation politique du pays. Il n’est pas certain que les conséquences qui en ont résulté soient celles qu’il avait envisagées : « une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde ». De fait, la situation politique se montre aujourd’hui dans sa vérité, et nombre de ses protagonistes eux aussi ont été contraints de se dévoiler dans leur nudité. La séquence ne fait que révéler l’aboutissement d’un processus de dissolution durable et profond de la vie politique commune.
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1. Sur le processus de constitution-déconstitution des instances politiques, voir Hélène Desbrousses, le Lieu politique. Constitution et déconstitution, Centre de Sociologie Historique, Inclinaison, 2016.