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Chine  : Données économiques – Revue de presse – Hérodote, Conflits * – L’évolution de la puissance économique de la République Populaire de Chine

 

La République Populaire de Chine inscrite dans un territoire continental de 9 593 0000 km2, est forte d’une population d’un milliard quatre cent un millions d’habitants.

Entre 1978 et 2011, la Chine a connu un taux de croissance annuel moyen de 10%[1]. En 2010, [elle] est devenue la deuxième économie mondiale.


« Le pays est le premier producteur et exportateur de produits manufacturés et occupe le deuxième rang comme importateur. »

 

En 2017, la Chine exportait 2 157 milliards de dollars et importait pour 1 842 milliards de dollars, en 2018, son PIB était de 13 608 milliards de dollars. Ces indicateurs révèlent l’importance de place mondiale acquise par cette puissance lors de ces dernières décennies.

Dans la cour des plus grands du monde capitaliste, la Chine se situe maintenant au plus près du géant américain, suivie du Japon, de l’Allemagne et de l’Inde. D’extraordinaires forces productives humaines et matérielles ont été développées depuis trois ou quatre décennies pour parvenir à conquérir des parts de marché mondial au détriment des rivaux.

Ce développement rapide n’est pas sans poser quelques difficultés dans le domaine de l’énergie et d’approvisionnement en matières premières.


« La Chine est devenue le premier consommateur d’énergie, d’aluminium, de cuivre, d’étain, de soja, de zinc, de charbon, de carbonate, de lithium, et de deuxième pour le pétrole. »

 

L’approvisionnement est devenu une question stratégique. Le flux important qu’il requiert doit être assuré par un flux important d’investissements et de travaux d’infrastructures, plus spécialement en Afrique, et de plus en plus en Amérique latine.

Les excédents commerciaux qui résultent des échanges mondiaux, ont aussi permis à la Chine de devenir une puissance financière sans précédent, qui s’est plus spécialement attachée à l’achat de bons du trésor américain, dont elle est devenue le principal créancier. Au niveau mondial, la RPC est aujourd’hui un des prêteurs principaux. Détentrice majeure de réserves internationales, elle est le deuxième émetteur d’investissements étrangers directs. Cette capacité financière va de pair avec la création d’organismes financiers mondiaux. Entre 2013 et 2014, la RPC a annoncé la «  création de neuf institutions de crédit pour financer des projets d’infrastructure et de développement  », «  notamment l’Asian Infrastructure Investisment Bank (AIIB) et la New Development Bank  ». Cette politique positionne la Chine sur le terrain des rapports entre puissances capitalistes, que confirme «  l’internationalisation du yuan  » et son corollaire «  une dé-dollarisation de l’économie mondiale  ».


Une politique d’expansion mondiale

 

Dans le cadre de cette politique d’expansion mondiale, des projets de réalisation de travaux d’infrastructure gigantesques sont proposés aux gouvernants de plusieurs pays, au prix de leur endettement.


L’exemple latino-américain

Avec l’Afrique, l’Amérique latine constitue un champ d’investissement de la RPC. Depuis 2013, elle dépasse l’UE par ses importations. Quant aux exportations latino-américaines vers la Chine, elles concernent pour une bonne part les matières premières et des biens manufacturés provenant de ressources naturelles. En contrepoint, on constate que les échanges commerciaux entre les pays d’Amérique latine se réduisent.

Plusieurs traités de libre-échange ont été conclus avec des pays latino-américains  : le Chili en 2005, le Pérou en 2008, le Costa Rica en 2011, un traité est en préparation avec la Colombie. Les investissements directs en provenance de Chine sont passés de 6,3 milliards de dollars, de 1990 à 2009, à 32 milliards de dollars, de 2010 à 2012. Ils concernent le secteur des ressources naturelles et l’approvisionnement énergétique. Des firmes chinoises acquièrent des actions ou prennent des participations et concessions dans des entreprises du continent. Le contrôle de la moitié de la production de cuivre de l’Équateur et du tiers de la production d’or et d’argent est ainsi assuré par des firmes chinoises. L’exploitation de gisement d’hydrocarbure en Argentine, l’exploitation de l’or (projet Veladero), les activités minières au Pérou, font aussi l’objet d’un contrôle chinois.

Quant aux infrastructures liées à la production de matières premières, elles ont bénéficié de prêts, au Venezuela, au Brésil et à l’Argentine. En échange les bénéficiaires remboursent leur dette par des livraisons de matières premières et/ou par une prise de participation des entreprises chinoises dans les secteurs clés de l’économie, par la livraison de pétrole pour le cas vénézuélien.
Certaines productions agricoles, plus spécialement le soja, font partie des denrées convoitées. La Chine en contrôle le marché mondial (à noter que 51% des actions du groupe néerlandais Nidera, un des négociants principaux en grains sur le plan mondial, ont été acquis par l’entreprise publique chinoise Cofco).


L’Asie du Sud Est

L’Asie du Sud-Est, constitue une sorte de pré-carré chinois. Les mines d’or, comme celle de Sokor en Malaisie, mais surtout le textile, notamment au Cambodge, font l’objet de visées spécifiques. Les multinationales chinoises en prennent le contrôle et imposent de nouvelles normes de travail afin d’accroitre la productivité et le rendement. L’instauration de ces normes s’établit au moyen de pratiques d’encadrement importées de Chine et par le biais d’ouvriers chinois expatriés «  Fils et filles de la Chine  ». Les salaires dans ces pays représentent 1/5 des salaires industriels moyens chinois, aubaine pour les capitaux chinois, ce processus s’est accompagné de délocalisations et par un appauvrissement pour les travailleurs des pays concernés[2].


La Chine et l’Inde

En tant qu’immense marché potentiel, l’Inde fait l’objet de convoitises chinoises, comme il en est le cas pour d’autres puissances, notamment ­américaines. Les rapports ambivalents entre la Chine et l’Inde participent de la «  coopération  » et de la «  compétition  »  : d’un côté des accords économiques et politiques, de l’autre des rivalités politiques.

Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Inde n’ont fait que s’accroître depuis 1978 passant de 0,264 milliards de dollars à 100 milliards en 2015. Premier fournisseur de l’Inde, la Chine n’en est que le troisième client. Leurs relations ont évolué selon le contexte historique, toutes deux évitant d’être ligotées par des accords avec les autres grandes puissances, plus spécialement les États-Unis d’Amérique.

Leurs rapports s’inscrivent au sein d’un cercle comprenant les États-Unis, la Russie et le Japon. L’actuel président chinois, Xi Jinping, exprime en ces termes la stratégie chinoise envers ces puissances  : soutenir la Russie, détourner les États-Unis du Pacifique, et s’assurer de la neutralité de l’Inde, sans laquelle il ne peut y avoir d’endiguement américain. Du côté indien s’expose une volonté d’un certain retrait par rapport aux prétentions chinoises. L’Inde veut profiter des investissements chinois pour se développer afin de pouvoir concurrencer par la suite la Chine. Elle veut rester maître de son indépendance, en évitant tout accord bilatéral tant avec les États-Unis qu’avec la RPC. Si des accords avec l’un ou l’autre sont signés, l’Inde en contrepartie en signe d’autres avec le protagoniste délaissé. L’Inde est nourrie aussi des ambitions mondiales, de moindre ampleur par rapport à la Chine. Sa présence en Afrique se positionne en concurrence avec celle de la Chine, ses investissements y sont même supérieurs. Pour l’instant, l’Inde n’y finance que des infrastructures et des investissements dans le secteur productif. La Chine, très présente sur le continent, se révèle en outre disposée à investir les champs religieux et sportifs, apportant des aides à la construction de mosquées et de stades.

Dans cette brève revue de presse, on n’a pas abordé les rapports de la Chine avec la Russie, plus qu’ambivalents eux aussi. Chine, Inde, Russie peuvent cependant nourrir un objectif commun, objectif qu’évoque Pascal Marchand dans l’article «  Chine-Inde-Russie. Vers un triangle anti hégémonique  ?  » Tous (la Chine, l’Inde et la Russie), écrit-il, contestent la place que «  leur laisse l’ensemble euro atlantique dans les affaires du monde  ». De là à envisager une politique mondiale commune contre cet ensemble, il existe sans doute encore une certaine marge. À suivre…

 

*Revue Hérodote, n°171 4e trimestre 2018  ; Revue Conflits, n° 7, 2015. 

 


 

 



Notes    (↵ Retourner au texte)
  1. 1. En 1978, Deng Xiaoping a théorisé l’idée d’une «  voie du socialisme à la chinoise  » préconisant «  une large ouverture aux investissements étrangers et une volonté d’accroître la productivité  ». Le processus de transition s’est opéré par le biais d’acquisitions aux concurrents capitalistes de firmes de technologie et de brevets, disposant de solides réseaux de distribution, et par la prise de part de marché dans les entreprises de produits de consommation courante.
  2. 2. Plusieurs pays de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) qui ont signé un accord de libre-échange avec la Chine en 1992 (Indonésie, Viêt Nam, Philippines, Cambodge, Birmanie), ont vu fléchir leur “indice des droits humains fondamentaux” entre 2016 et 2017. 

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