Jacques SADOUL Naissance de l’URSS. De la nuit féodale à l’aube socialiste
Tome I, Éditions Charlot, (1946)
Témoin de la révolution russe, participant actif aux côtés des bolcheviks lors de cette révolution et de la guerre civile, puis au sein de l’Internationale communiste, Jacques Sadoul a proposé plusieurs ouvrages sur la révolution russe, où il salue cet évènement historique fondateur : Notes sur la révolution bolchevique (1919), Quarante lettres de Jacques Sadoul (1922) traitant de la guerre civile et enfin Naissance de l’URSS. De la nuit féodale à l’aube socialiste (Tome 1, 1946).
Cet ouvrage vise à restituer la longue histoire de la Russie, de ses révolutions et de la construction socialiste en URSS. L’analyse du processus d’édification s’arrête en 1928, le Tome 2, L’URSS, premier État socialiste, qui aborde la période des succès économiques (plans quinquennaux) et militaires (victoire sur l’Allemagne du IIIe Reich au prix des plus grands sacrifices, reconstruction de l’économie), ne sera pas publié.
Par son exposé général, l’auteur établit que le processus révolutionnaire russe est à comprendre dans la durée, produit de tout un développement historique dans des conditions spécifiques propres à la Russie. La révolution de 1917 ne peut ainsi être analysée comme un simple coup d’État, à l’instigation d’une poignée de terroristes enragés.
L’exposé de Jaques Sadoul se présente comme une suite de paragraphes disposés dans un ordre chronologique. Les grands moments de basculement du processus de formation historique de la Russie, sont rappelés, sur la base de l’historiographie classique de la Russie, sans négliger les relations que cette puissance a pu entretenir avec de grandes tendances et mouvements de l’histoire mondiale. L’ouvrage présente ainsi un intérêt propre. Beaucoup d’ouvrages consacrés à la révolution russe ne considèrent en effet que la séquence qui s’ouvre après Octobre 1917. D’autres, au contraire, ne portent attention qu’à l’histoire spécifique de la Russie, la phase révolutionnaire n’en constituant qu’un appendice, examiné sous le seul angle de cette histoire [1]. Dans l’un et l’autre cas, le processus révolutionnaire et sa signification historique propre, son caractère universel, ne se présentent que comme un épiphénomène, une simple parenthèse dans l’histoire.
- 1. C’est sous cet angle que Georges Sokoloff considère le processus révolutionnaire, dans son Retard russe [voir fiche de lecture].↵